Wednesday 17 October 2012




Intégralité :Eugène Diomi Ndongala raconte son enlèvement et la cruauté de Kabila Kanambe





C'est un Diomi Ndongala méconnaissable, avec un regard hagard, une barbe hursute en poivre et sel, amigri et fatigué. Notre Vuvuzélateur national Lambert Mende est devenu aphone, il a avalé sa langue, lui qui devant les caméras et micros avait clamé qu'Eugène Diomi Ndongala avait pris la poudre d'escampette et se serait exilé en Italie. L'opposant congolais, Eugène Diomi Ndongala, le président de la Démocratie Chrétienne (DC) et opposant frondeur contre le hold-up électoral de Joseph Kabila, porté disparu depuis quatre mois, a été retrouvé vivant dans la nuit de mercredi à jeudi sur la route de Matadi vers Mont-Ngafula dans la ville de Kinshasa.

Ce n'est sans doute pas une coïncidence. Deux jours après que le président Hollande a jugé « tout à fait inacceptable » la situation en République démocratique du Congo (RDC) sur le plan des droits de l'homme et de la démocratie, et à quelques heures de l'ouverture officielle du XIVe sommet de la francophonie à Kinshasa, un député de l'opposition, porté disparu depuis plus de trois mois, a été retrouvé, affaibli, jeudi 11 octobre, à 2 heures du matin, près d'un centre militaire de l'ouest de la capitale congolaise.
Eugène Diomi Ndongala, dirigeant de la Démocratie chrétienne (DC) avait quitté son domicile le 27 juin pour sceller une coalition avec d'autres partis politiques au centre-ville mais n'est jamais arrivé à destination.

Le lendemain, le parquet de Kinshasa avait indiqué que M. Diomi avait « pris la fuite » après qu'un mandat d'arrêt lui avait été signifié pour le viol de deux mineures. La même accusation a été formulée contre plusieurs opposants politiques.
Amnesty International, les proches et le parti de M. Diomi avaient, eux, obtenu des informations confirmant son enlèvement et sa détention par des agents des services de renseignement congolais.

LES DÉFENSEURS DES DROITS DE L'HOMME MALMENÉS
De nombreuses ONG ont dénoncé une recrudescence d'agressions et d'actes d'intimidations à l'endroit de défenseurs des doits de l'homme et de journalistes à l'approche du sommet de la francophonie, qui doit rassembler, du 12 au 14 octobre, une trentaine de chefs d'État et de gouvernement à Kinshasa.

C'est par exemple le cas de René Kahukula, défenseur des paysans déshérités. Enlevé le 1er juin, il a fait parvenir une lettre d'une prison secrète décrivant ses conditions de détention par ces mêmes services de renseignement mais n'est pas réapparu à ce jour. Il avait mené campagne pour que soient jugés les policiers inculpés dans l'assassinat en 2010 de Floribert Chebeya, un défenseur des droits de l'homme unanimement respecté. Leur procès en appel a été récemment reporté au 23 octobre. Le réalisateur belge Thierry Michel, auteur d'un documentaire sur l'affaire Chebeya, s'est vu refuser un visa à l'ambassade de RDC en Belgique pour se rendre au sommet de Kinshasa et y présenter son film, en dépit des assurances qu'avait données le premier ministre congolais sur sa venue.

Promises par le gouvernement du président Joseph Kabila, deux avancées vers l'état de droit -- la création d'une commission électorale indépendante et la mise sur pied d'une commission nationale des droits de l'homme -- en sont toujours au stade des débats devant le Parlement congolais. La cour constitutionnelle, créée en 2006, n'a, elle, jamais été mise en place.

Martine Jacot (Kinshasa, envoyée spéciale)
Le Monde.fr
Par Martine Jacot

No comments:

Post a Comment

Thank you for the visit. Merci pour votre visite.